
Ouest France, 21 septembre 1956
« Elle n’a assurément rien en commun avec celle qui fut détruite pendant la bataille libératrice et dont, seul, subsiste le porche au milieu du petit cimetière. Mais sa modestie, son intimité seront bien de nature à favoriser l’élan et l’épanchement des âmes qui s’extériorisent par la piété et le recueillement.
MM. Cornille et Holas…de même que la pensée qui les a guidés : tout faire converger vers le sanctuaire, aussi bien les murs latéraux que la toiture, comme un hommage de la création à son auteur.
La façade vous séduit dès l’abord par la solidité, la richesse, le fini de sa construction. Pas une note discordante dans l’alignement et la superposition de cette belle pierre de Tremblay, si bien mise en valeur par l’entreprise Bollard, d’Avranches. …
Une grille basse interdit l’accès de l’église à l’enfant souillé de la tâche originelle. Ce n’est qu’après sa purification sur la cuve baptismale, celle de l’ancienne église échappée au désastre, que, devenu chrétien, il pourra faire son entrée dans le sanctuaire où se rassemblent ses frères dans la foi.
L’édifice mesure 21m50 de longueur, la nef à elle seule 14m et sa plus grande largeur extérieure est de 15m20. Le clocher atteint 19m de hauteur et 23 à l’extrémité de la croix qui le surmonte. Des plaques de cuivre couvrent le baptistère et le porche et forment aussi la toiture de l’ensemble en plan incliné. L’humidité et la patine du temps favoriseront la formation du sulfate de cuivre donnant cette teinte « vert de gris » qui s’alliera mieux avec celle de la pierre.
Des cadrans ont été posés sur la façade et le côté du clocher. Les plots comme les aiguilles vont recevoir cette même teinte vert de gris.
Un jeune sculpteur parisien, M. Cattant, a restitué à l’édifice son vocable, une croix de Saint-André formée de pierres de schiste posées en relief sur la maçonnerie avec le nom de l’apôtre et martyr taillé dans le même matériau. Des fentes verticales ont été ménagées dans les murs latéraux : c’est le symbole de la foi s’élevant vers le Ciel. Elles reçoivent actuellement leurs garnitures, ces vitraux simples d’une tonalité gris s’alliant parfaitement avec celle de la pierre. Sortis des ateliers du maître-verrier Ripeau de Versailles, ils diffuseront un éclairage suffisant pour conserver à l’église ce caractère de recueillement et d’intimité…
La toiture de cuivre repose sur un plafond de bois couleur crème. Entre les deux, a été incluse une couche de laine de verre.
Des poutres en ciment soutiennent le tout. Comme les solives du plafond, elles ont reçu une peinture tête de nègre qui tranche sur le fond crème et donne l’aspect familier des intérieurs normands.
La chaire, à gauche, la table de communion au centre et le petit reposoir…sont en béton bouchardé.
Un revêtement de ciment teinté ocre recouvre l’allée centrale comme l’entrée du sanctuaire.
Le beau granit de Louvigné se retrouve à l’autel et dans l’encadrement du tabernacle. Comme pour la croix de Saint-André de l’extérieur, le schiste posé en arête de poisson a fourni le retable et son petit motif central…
Le tabernacle en bois doré avec application de bronze surmonté de la veilleuse du sanctuaire et d’une grande croix de bois, sera le seul coin de l’édifice où se manifeste la somptuosité.
Neuf lustres de bois, des bancs de teinte foncée et un confessionnal complètent le mobilier.
La sacristie en cours d’installation fait suite au chœur et la possibilité d’aménagement d’une tribune au-dessus de l’entrée de la nef reste réservée ».
Ouest-France, 23 septembre 1956
« Soulignons le concours apporté par le M.R.L qui, en la circonstance, s’est montré très compréhensif…A l’égal des bâtisseurs de cathédrales, les ouvriers des différents corps de métier ont apporté aussi plus que leur bonne volonté : tout leur savoir, tout leur amour et, pour la plupart, toute leur foi.
Gros œuvre : Entreprise Bollard, Avranches
Menuiserie, charpente et mobilier d’intérieur : Maison Houssard, Avranches
Serrurerie : M. Legrand, Avranches
Peinture : M. Lourdais, Avranches
Couverture : M. Girard, Argentan
Electricité : M. Delahaye, Avranches
Aménagement de la place : M. Printemps, horticulteur-pépiniériste, Avranches
Paratonnerre : Entreprise Mildé, Paris
Sonnerie et horloge électrique : M. Biard, Villedieu
La construction de l’église, les trois cloches (une supplémentaire avec les deux refondues), leur électrification et les horloges, le mobilier, confessionnal, meubles de sacristie, les 9 neuf lustres reviennent à 15 millions en chiffres ronds couverts à concurrence de 12.284.885 francs par l’indemnité de dommages de guerre.
Le surplus a été pris en charge par le budget municipal et nous ne devons pas omettre de mentionner l’action personnelle et tenace de M. Blier, maire, qui n’a ménagé ni son temps ni ses démarches… »
Le 25 septembre 1956, l’église a été officiellement bénite. Une plaque de bronze fixée sur le mur ouest de la tour en fait foi. Elle porte l’inscription suivante : « Détruite en 1944, l’église St André de Pontaubault a été solennellement bénite par Son Excellence Mgr Guyot, évêque de Coutances et Avranches, le mardi 25 septembre 1956. M. Cyr Blier étant maire et M. l’abbé Bernard Lehot étant curé ».